Coup de gueule → Randonner et cohabiter.

Publié le 12 Août 2019

 

Partager l'espace de nos montagnes.

 

   Randonner en montagne, quel plaisir. Oui mais la montagne n'appartient pas aux seuls randonneurs. Il faut la partager, et en priorité, respecter ceux qui y vivent à l'année.

   Pour les humains, en hiver, le randonneur à ski, a dû partager son terrain de jeu, avec le raquetteur. A l'automne ce sont les chasseurs qui investissent les lieux et avec qui il faut cohabiter. L’été depuis que le loup a refait son apparition les bergers, ont dû faire appel à des chiens pour protéger leurs troupeaux. Puis une nouvelle espèce a fait son apparition : le vététiste.

 

   Reprenons tout celà un peu plus en détail.

   Le randonneur doit respecter la faune et la flore. La faune, toute l'année bien sûr, mais surtout en hiver. Le froid, la neige, les avalanches, le manque de nourriture, font que pour certaines espèces, près de 20% d'entre eux, ne verront pas le printemps arriver. Il est donc très important de les déranger le moins possible, et impératif de respecter les zones d'hivernage qui leur sont réservées.

 

   Pendant longtemps le skieur de randonnée a été le seul à venir dessiner ses courbes élégantes, dans les belles pentes immaculées. Mais un intrus est venu dans ses belles immensités vierges : le raquetteur. Toujours un peu plus haut, il est venu piétiner les belles traces de montée, saccager les belles pentes. Mais de quel droit... Mais je connais plus d'un skieur qui a parfois a été bien content de trouver la bonne trace d'un groupe de raquetteurs pour alléger sa peine à la montée.

 

   Pour les chasseurs vu qu'ils ont des fusils et nous seulement des bâtons, mieux vaut faire profil bas et éviter de venir perturber leur activité. Il y a bien parfois quelques Tartarins irascibles qui vont le prendre de haut, mais, que je sache ils ne sont pas là pour chasser le randonneur, quoi que...

 

   Pour les Patous le problème est un peu différent, la réapparition du loup, vient modifier certains équilibres. Je ne vais pas m'engager dans une polémique pour ou contre, ce n'est pas l'objet de ce billet d'humeur. Avec la présence du loup il a bien fallu protéger les troupeaux. Il faut donc maintenant cohabiter avec les chiens de protection, les fameux Patous. Il y a sur le blog un lien vers le Parc National des Écrins avec des articles et des vidéos de Marc Landry qui devraient vous permettre de mieux gérer ce problème.

 

   Il y a aussi les traileurs, oui, vous voyez, ceux qui passent à côté de vous en courant, sans vous saluer, avec un petit air de mépris. Trop occupés qu'ils sont, à consulter leur montre GPS pour savoir s'ils vont enfin battre les records de Kilian. Ceux qui admirent la nature à travers l'écran de leur smartphone dernier cri. Ils pourraient tout aussi bien courir en salle sur un tapis. Que voient ils de ce qui les entoure ? Mais bon, à part leur manque de convivialité, ils ne sont pas vraiment dangereux. Chacun ses plaisirs.

 

   Oui mais, il y a maintenant, un nouvel arrivant sur nos sentiers, pardon, sur LES sentiers, vu qu'ils ne nous appartiennent pas, et qu'ils ne sont pas réservés à notre usage exclusif. A noter, quand même, que ce sont bien des traces de chaussures, qui ont dessiné des zigzags harmonieux dans nos montagnes.

 

   Et oui, le VTT a fait son apparition sur les sentiers. Et là je ne parle pas de VTC Vélo Tout Chemin, mais de VTT, Vélo Tout Terrain.

   Tant que ces engins étaient actionnés par une force musculaire ( cuisses et mollets ) cela ne me posait pas vraiment de problème. Mais avec l'arrivée des VAE, Vélo à Assistance Électrique, pour moi les choses ont dérapé. J'ai été à plusieurs reprises cet été, confronté à des personnages qui ne respectent rien. Ni la faune, ni la flore, ni les autres usagers des sentiers. Ça déboule à toute vitesse, et si on ne s'écarte pas, on se fait bousculer, voire insulter. J'ai eu droit, il n'y a pas si longtemps, à un « Rentre à ton EHPAD papy ». Cela aurait pu m'amuser si le ton n'avait été si peu courtois. J'ai croisé des groupes de VEA , dans le Dévoluy, dans l'Ubaye, dans le Queyras, et parfois sur des crêtes à 3000m, Pic de Caramantran, Tête de Rissace...

 

   Des VAE, et pourquoi pas, bientôt, des motos électriques. Imaginez l'impact sur la faune. Quant à la flore, c'est encore plus catastrophique.

   Certes la montagne appartient à tout le monde, mais elle doit être pratiquée d'une façon raisonnée, et avec respect.

   Il serait temps que les pouvoirs publics s'inquiètent et encadrent cette activité qui ne peut que prendre de l'ampleur. La montagne va t-elle devenir comme certaines cités, des zones de non-droit, où chacun fait ce qu'il veut sans se préoccuper des conséquences de ses actes.

 

   Ceci dit restons zen, et gardons l'espoir de pouvoir encore un temps, partager cet espace qui subit déjà les effets dramatiques du réchauffement climatique. Où sont elles les montagnes de ma jeunesse ? Où sont ils mes glaciers ? Où est il l'esprit et le savoir vivre de nos anciens ?

Djipi

 

Rédigé par Amicale Baliseurs Randonneurs Gapençais.

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J
Il est de coutume de dire que la vérité sort de la bouche des enfants, on pourra aussi maintenant dire qu'on la trouve sous la plume des aînés ;-)<br /> J'adhère totalement
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E
Et bien dis donc j p? te voilà bien inspiré pour ton coup de gueule; <br /> tout est bien dit et bien vrai....<br /> Il n'y a plus qu'à espérer que tout soit mis en pratique.
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L
je partage votre sentiment
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